Auteurs : Est-il pertinent pour vous, de rentrer dans le cadre de l’édition classique ?

Je pense qu’il est faux de dire que les lecteurs n’existent plus. Je pense au contraire qu’internet a été un véritable accélérateur pour la lecture. Aujourd’hui il existe bien plus d’individus qu’hier, prenant du plaisir au déchiffrage de textes en tout genre.

Je pense également qu’il est faux de dire que les auteurs ne pensent pas aux lecteurs. J’aurais même plutôt tendance à dire que le public (celui qui va consommer sa prose) est le centre d’attention de tout bon écrivain. Certes les auteurs n’y entendent rien au marketing et autres études de marché, mais ils ont pour mission d’offrir de la valeur au consommateur en ayant à cœur de les distraire, les éduquer, les surprendre et les faire évoluer vers une meilleure version d’eux-même Désolé pour ceux qui pensent qu’il suffit de raconter une histoire qui leur plairait, la narration est un art beaucoup plus subtil et « customer centric ».

Par contre il est juste de dire que le monde de la littérature est en crise. Ceux qui sont censé faire vivre ce business sont pris d’une frénésie qui les pousse à « fuir en avant », poursuivis, comme ils le sont, par une furie armée d’une grande hache appelée « destruction créatrice ». Plutôt que rééquilibrer les fonds de roulement en réduisant la voilure et en recherchant plus de qualité (pour justifier une augmentation de prix), il se sont engagés dans une stratégie de surproduction suicidaire et dispendieuse. Forcément quand on décuple une offre pour un lectorat qui ne fait que tripler, chaque roman à bien du mal à trouver ses lecteurs.

Ceci dit, je ne montre pas du doigt les éditeurs qui ne sont pas les seuls en cause dans cette histoire même s’ils sont logiquement à l’initiative de tout. N’oublions pas dans nos prières la dispendieuse « chaîne du livre », les professionnels du secteur (Directeurs de collection élitistes, institutionnels, organisateurs d’événements, journalistes, critiques…) toujours au diapason d’une littérature d’il y a deux siècles que le bas peuple n’avait pas le droit de revendiquer. Sans oublier les pouvoirs publics qui sous couvert de protection de la culture truque ouvertement le jeu en défaveur d’une littérature populaire qui pourrait pourtant permettre aux éditeurs de gagner leur vie comme c’est le cas à l’étranger (si vous vous posez des questions, je vous invite à discuter avec des étrangers qui vont vous expliquer combien le « Français » est arrogant culturellement et pourquoi).

Quand les auteurs se seront rendu compte qu’ils ont les moyens d’esquiver tout ça en restant indépendant.

Qu’ils ne seront pas plus riches, mais qu’en vendant moins ils peuvent gagner plus. Qu’ils peuvent rester maître des leurs manuscrits et des droits qui s’y rattachent. Qu’un auteur travaillant pour un marché de niche* pourra enfin tirer quelques subsides de son travail. Que l’on peut se passer totalement de la « chaîne du livre » et s’en porter très bien. Que l’on a pas besoin d’être reconnu comme auteur, mais que chef d’entreprise (certes d’une micro-structure) c’est jouable.

Ce jour là, la force de négociation changera de camp et les auteurs déciderons à coup sûr de prendre seul leur destin en main…

(*) Pour les marchés porteurs le modèle de l’édition classique peut se révéler intéressant pour passer des seuils de rentabilité en nombre d’unités vendues.

Billet d’humeur inspiré par cet article : L’avenir du livre : payer encore moins les auteurs pour produire encore plus ?

Et par cet avis émis par Fabien Lyraud sur Facebook : https://www.facebook.com/martine.etienne.31/posts/2840019212728023?comment_id=2840027056060572

On a l’impression que les lecteurs aussi ne servent à rien. Les éditeurs s’en foutent. Et plus grave les auteurs ne comprennent pas que c’est les lecteurs qui les font vivre et pas les éditeurs. Aujourd’hui pour que les auteurs vivent mieux il faut plu…

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